• "GONDEVILLE, UNE LEGENDE DU SIECLE" - VIII

     

    Jarnac, sa gare d'interne à Angoulême, était aussi celle d'un François Mitterrand et surtout celle de Pierre Boujut, celui qui allait devenir le grand poète de la Tour de feu. Un poète au rebours de Claude Roy, plus classique dans sa forme, plus anarchiste dans son contenu, un poète qui s'enracine à Jarnac et enrichit sa ville d'une identité vivante en faisant venir à elle toute une école de poésie3 alors que Claude Roy s'en servira exclusivement comme d'un révélateur de soi, un ferment d'œuvre proche de l'épisode analytique qu'on répète en tous sens afin d'en tirer sa propre sève. (François Mitterrand n'agira pas autrement en focalisant ses derniers instants autour du caveau de famille du cimetière des Grands'Maisons.) Lieu réel contre lieu devenu imaginaire ...
    Avant que l'opposition entre eux ne prenne ce tour fantasmatique, Pierre Boujut et Claude Roy avaient créé ensemble Reflets, une revue poétique dont on peut dire qu'elle fut l'ancêtre de la Tour de feu. Leurs chemins ensuite divergèrent. Pierre Boujut, appuyé par la majorité de ses amis de la Tour de feu et par René Rougerie, l'éditeur qui compte en matière de poésie, dont l'atelier se situe juste aux confins charentais, à Mortemart, se mirent à se méfier puis à rejeter l' œuvre de Claude Roy en raison de la distance qu'ils ressentaient chez lui par rapport à ses liens charentais et philosophiques. Il faudra attendre la publication de Un mauvais Français (Arléa, 1989) par Pierre Boujut pour qu'il revienne partiellement sur ses réserves et finisse par coller une photo de Claude Roy sur les murs de son bureau. Cette amitié brisée-renouée, cet agacement mêlé d'admiration réciproque constituent un des moments forts de l'histoire littéraire charentaise, entre son poète le plus célèbre et son poète le plus enraciné.

     


    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>3 La Tour de feu fut créée comme revue internationaliste de création poétique aux confins du surréalisme en 1946. Pierre Boujut (Jarnac 1913 - id. 1992) était tonnelier de son état, d'où le nom de sa revue, il en conserva la direction et l'animation jusqu'en 1981, date à laquelle elle sera reprise par les éditions Corti, à Paris. Plus de cinq cents poètes y ont participé, dont André Breton et Adrian Miatlev. Chaque année, le 14 juillet, le congrès de la Tour de feu réunissait à Jarnac de nombreux poètes, c'était l'occasion d'une grande fête surréaliste. Voir D. Briolet, La Tour de feu, du Lérot, 1991.

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :